Avant toute chose, pourrais-tu rappeler quel a été ton parcours ?

De mon premier match en tant que jeune arbitre de district du Cher en février 1987 à mon dernier match en championnat du district des Ardennes en 2010, j'ai donc eu la chance d'arbitrer plus de 23 années, parmi lesquelles 14 saisons en tant qu'arbitre de la Fédération dont 4 saisons en tant qu'arbitre Fédéral 2 et une saison de grand bonheur à officier en Ligue 1 (la saison 2007-2008).
Et comme mon activité professionnelle m'a conduit à devoir régulièrement déménager, cette passion de l'arbitrage m'a permis de côtoyer de nombreuses ligues et district, et leur CRA et CDA respectives : Ligue du Centre (Cher), de Normandie (Maritime), de Paris Ile de France (Hauts de Seine), de Lorraine (Moselle) et de Champagne-Ardennes (Ardennes). Observateur d'arbitres de la Fédération depuis août 2010, je suis de nouveau affilié à un club de la Ligue de Paris Ile de France (Val d'Oise) où je réside maintenant.

 

Quand est intervenu la fin de ta carrière ?

Ma fin de carrière dans le monde professionnel est intervenue en Ligue 2 le 29 mai 2009 à Vannes, qui jouait ce soir là contre Clermont-Ferrand. Ce match mettait donc un terme à 5 années à côtoyer les compétitions professionnelles et à découvrir de nombreux collègues assistants, parmi lesquels certains ont été et sont restés de fidèles compagnons (je pense en particulier à Laurent Stien ou David Durussel). Mais ma réelle fin de carrière s'est déroulée une saison plus tard puisque j'ai tenu à revenir une saison en 3ème division de District, là où il n'y pas d'arbitre habituellement et où donc je ne prenais à coup sûr la place de personne, dans le département des Ardennes que j'habitais à l'époque. Cette ultime saison m'a permis de retrouver les plaisirs simples du football qui nous a tous vu débuter et d'être accompagné de mes enfants, qui me retrouvaient à chaque fin de match pour jouer au ballon avec leur papa.

 

Depuis quand sièges-tu à la Haute Autorité du Football ?

La Haute Autorité a été créée en juin 2011 et j'ai fait partie des premiers élus de cette instance, en tant que représentant des arbitres d'élite. C'était la première fois qu'un représentant des arbitres d'élite se présentait, en tant que tel, pour siéger dans une instance de gouvernance de la Fédération. L'élection à 89% par les présidents de District, de Ligue et des clubs professionnels, a témoigné du niveau de confiance que ceux-ci accordaient aux arbitres des championnats professionnels pour figurer au coeur même de la gouvernance de la Fédération Française de Football.
Comme les membres de la Haute Autorité sont élus en même temps que les membres du Comité Exécutif de la FFF, notre premier mandat fut un mandat court de 18 mois et il a fallu remettre notre mandat en jeu dès fin 2012. Le SAFE m'a demandé de poursuivre mon action au sein de cette instance et je me suis donc représenté devant le suffrage des électeurs lors de l'assemblée fédérale élective de décembre 2012. Cette assemblée a validé, avec un score encore plus fort que lors de la première élection, ma candidature dans cette instance.

 

Peux-tu expliquer quelles sont les missions de cette instance dirigeante ?

La Haute Autorité du Football a été créée dans le cadre de la réforme de la gouvernance du football français, suite à la crise profonde qu'a connu notre football après la coupe du Monde de 2010 en Afrique du Sud. Cette réforme a prévu un comité exécutif plus restreint, composé de 10 membres élus via une élection de liste, et un Organe de surveillance et de contrôle de la Fédération, la Haute Autorité du Football.
Cette dernière instance se compose de vingt membres représentant les différents acteurs du football :
- 2 présidents de Ligue (Gérard Loison, Président Ligue du Maine et René Lopez, Président Ligue de Lorraine),
- 2 présidents de District (Gérard Lenoir, Président District de la Corrèze et Jean-Pierre Louise, Président District de la Manche),
- 2 présidents des Clubs Professionnels (Jean-Pierre Caillot, Président Stade de Reims qui devrait bientôt être rejoint par le Président de Laval suite à la démission de l'ancien Président du FC Tours),
- 2 représentants des Clubs Amateurs (Jean-Marc Selzner, Délégué national U2C2F et Vincent Caserta, Président FC Martigues),
- 2 représentants des Entraîneurs professionnels et autres éducateur (Roland Gransart, Recruteur-superviseur centre de formation Olympique Marseille et Jean-Marie Lawniczak, Président Amicale Éducateurs de Football et président de la HAF lors des 18 premiers mois),
- 2 représentants des Arbitres d’élite et autres arbitres (Jean-Jacques Demarez, Vice-Président délégué de l'UNAF et donc votre serviteur),
- 2 représentants des Joueurs professionnels (Richard Jezierski, membre de l'UNFP et René Charrier, Directeur et vice-président de l’UNFP qui est devenu par ailleurs président de la Haute Autorité en 2012),
- 2 représentants des personnels Administratifs du football (Alain Belsoeur ayant du démissionner pour pouvoir continuer à siéger à la DNCG, il ne reste que Pierre Cibot, ancien directeur de la Ligue de Football de Paris Ile de France),
- 2 Médecins (Jean-François Chapellier, Président Commission médicale District Gard-Lozère et Joseph Laurans, Président Commission régionale médicale Ligue de Bretagne et "médecins des arbitres de la FFF),
- et 2 Femmes (Élodie Crocq, Directrice Juridique et Sociale Stade Rennais et Peggy Provost, ancienne internationale, entraîneur des U19 Féminine à Juvisy).

Du fait de sa composition, représentant tous ceux qui font le football, et en plus d'être une entité de contrôle, la Haute Autorité est aussi missionnée par le Président de la FFF ou s'auto-missionne pour traiter des sujets de fond relevant de la gouvernance du football et de son bon fonctionnement.
Ainsi, les premiers dossiers instruits par la Haute Autorité du Football ont concerné par exemple l'arbitrage, la médecine, la gestion de Clairefontaine ou encore les flux financiers dans le football français.
Enfin, le contrôle de la FFF se traduit par une intervention du président de la HAF lors de chaque assemblée fédérale pour rendre compte de nos activités et de nos actions de contrôle sur la manière dont la FFF est gouvernée.

 

Quelles sont les missions qui te sont confiés au sein de cette instance ou quel est ton rôle ?

Chacun des 20 membres est investi de la même mission : notre mode de fonctionnement est collégial et ce sont nos échanges, où chacun apporte son expérience et son expertise, qui permettent de définir les prises de position de la Haute Autorité.
Pour les dossiers sur lesquels la HAF est missionnée, nous nous organisons par petit groupe de travail. En petit comité, nous précisons les diagnostics et analyses et formulons des propositions qui sont ensuite débattues en réunion plénière.
La réunion plénière de la HAF se tient quant à elle une journée entière chaque mois.
Il va sans dire que, du fait de mon expertise et de la sensibilité particulière du sujet, j'ai été particulièrement impliqué dans le rapport que la HAF a publié sur l'arbitrage en France. Ce rapport a ainsi suggéré au Président de la Fédération 6 priorités et 40 propositions (voir rapport ci-dessous). Et nous pouvons tous constater que la réforme de l'arbitrage que la FFF a décidé lors de son assemblée fédérale de juin 2013 s'est fortement inspiré de plusieurs de ces propositions.

 

Que retiens tu de ces plus de 2 années d'investissement au sein de la Haute Autorité ?

Au-delà du plaisir de découvrir des sujets et enjeux que je ne connaissais pas, je retiens surtout l'importance pour nous arbitre d'être présents dans les différentes instances qui font le football.
Notre présence permet d'y faire de la pédagogie, d'expliquer parfois nos erreurs ou maladresses mais surtout, dans 99% des cas, ce qui a justifié nos décisions et actions. Je constate que les contraintes et difficultés de notre corporation sont mal connues, que nous sommes parfois peu appréciés par certains mais surtout que, grâce aux échanges, les positions des uns et des autres (nous y compris) évoluent positivement : se comprendre passe d'abord par se connaître, et notre présence active dans les instances du football nous permet d'être mieux compris ... et réciproquement, sans renier qui nous sommes et nos valeurs, de mieux aussi comprendre les autres, leur mode de pensée et leurs propres contraintes.
Enfin, nul doute que notre présence dans les instances de gouvernance permet de dialoguer plus facilement et plus en confiance avec ceux qui font les décisions du football. Donc de faire avancer certains dossiers comme par exemple le dossier du statut social de l'arbitre de haut niveau, à l'égal de celui des athlètes de haut niveau ... ce qui, de toute évidence est un dossier juste pour les arbitres d'élite et mérite donc bien d'y consacrer un peu de temps pour ceux qui ont la chance d'être encore en activité !