Volet 4/4 [Loi 12] : Deux situations de matchs

Dans notre présentation des motifs d’exclusion, nous avons indiqué que « recevoir un second avertissement » était un motif sans contestation possible. On peut en rester là comme essayer de comprendre pourquoi il arrive qu’un tel carton rouge soit qualifié de sévère. D’ailleurs, cela a été le cas récemment lors d'un récent match de Ligue 1 où le carton rouge donné en seconde période a été qualifié de sévère. Un tel qualificatif n’est pas approprié à l’exclusion qui s’est produite. Le joueur fautif a bien reçu deux avertissements dans la même rencontre, le carton rouge ne peut pas, ne doit pas être discuté. Nous ne jouons pas sur les mots, il est très important de distinguer les sanctions. La question que l’on doit se poser dans des cas de figure de ce type - somme toute assez courants dans les rencontres - est plutôt : la faute commise par le joueur correspond-elle à un des motifs d’avertissement prévus à la loi 12 ? Ce motif laisse-t-il une certaine part d’interprétation à l’arbitre ou bien est-il « automatique » dans la loi 12 ? S’il laisse une part d’interprétation à l’arbitre, alors on peut émettre un avis sur le caractère sévère ou non du second avertissement donné.

Lors de la rencontre de Ligue des Champions Réal Madrid – Juventus Turin du 23/10/2013, au début de la seconde période le défenseur italien Giorgio Chiellini est exclu à la suite d’une faute sur Cristiano Ronaldo. Cette situation illustre parfaitement le thème de cette discussion autour des motifs d’exclusion. Elle illustre aussi toute la difficulté de gestion pour l’arbitre de tels faits de matchs. L’attaque très rapide en faveur de Madrid se déroule dans la moitié de terrain de Turin, sur le côté droit. Les images (principalement les ralentis) montrent que le défenseur italien déploie son bras au niveau du visage de l’attaquant madrilène. Quel motif d’exclusion retenir pour cette action ?

 

  • Faute grossière (le fautif assène un coup et les joueurs disputent le ballon) ? Pour répondre par l’affirmative, il faut que nous estimions qu’il y a coup porté sur l’adversaire, mise en danger de l’intégrité physique et ballon à proximité.
  • Comportement violent (le fautif assène un coup et les joueurs ne disputent pas le ballon) ? Pour répondre par l’affirmative, il faut que nous estimions qu’il y a coup porté sur l’adversaire, mise en danger de l’intégrité physique et ballon non à proximité de jeu.
  • Annihile une occasion de but manifeste d’un adversaire se dirigeant vers le but ? Pour répondre par l’affirmative, il faut juger que sans la faute commise il y aurait très certainement eu occasion manifeste de but…

 

Comme dans le premier cas évoqué, le carton rouge a été qualifié de sévère par certains observateurs. Contrairement au cas précédent, c’est bien l’exclusion que l’on peut qualifier de sévère ou de justifiée lorsqu’on est spectateur de la rencontre. Si l’on estime que le geste du défenseur italien ne peut pas être assimilé à un coup et si l’arbitre a estimé que cela en était un, le spectateur parlera vraisemblablement de carton rouge sévère. Si en tant que spectateur toujours, on ne retient pas la faute grossière ou le comportement violent, il reste l’annihilation d’une occasion nette de but. Si l’on estime que, sans la faute, l’occasion nette de but est loin d’être évidente et que l’arbitre a considéré le contraire, on parlera à nouveau de carton rouge sévère. Il ne reste plus qu’à regarder les images une nouvelle fois et à juger en n’oubliant pas que l’arbitre n’a que quelques secondes pour décider !

 

Textes de références :

- Lois du jeu FIFA 2013-2014 Loi 12

- Lois du jeu FIFA 2013-2014 Interprétation et directives pour arbitres de la loi 12

- Circulaire 12.05 Guide des lois du jeu Juillet 2013 Direction Technique de l’Arbitrage

- Circulaire 12.06 Guide des lois du jeu Juillet 2013 Direction Technique de l’Arbitrage

- Circulaire 12.07 Guide des lois du jeu Juillet 2013 Direction Technique de l’Arbitrage