Sélectionné par la FIFA en tant qu’arbitre assistant vidéo pour la Coupe du Golfe des Nations de Football en Irak, Jérémie PIGNARD revient sur cette expérience.

 

Comment avez-vous appris votre convocation ?

Elle m’a été annoncée par la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA) ; Stéphane LANNOY m’a appelé. C’était une demande de la Fédération de Football du Golfe Arabique qui voulait des arbitres vidéo étrangers vus les enjeux de la compétition. C’est avec cet objectif de neutralité que certaines fédérations, dont la FFF, ont été contactées.

Aviez-vous des attentes, des a priori ?

Je n’avais pas forcément d’a priori mais j’arrivais dans l’inconnu. J’étais le seul Français, ce qui n’est pas habituel car on part souvent à plusieurs pour les compétitions internationales. Nous étions très peu d’européens avec notamment le Roumain Istvan KOVACS et ses assistants. L’Irak n’est pas une destination commune. C’était aussi la première compétition organisée là-bas depuis 40 ans avec l’accord et le support de la FIFA. Je n’avais pas d’inquiétudes mais j’étais curieux de voir comment ça allait se passer.

On sait que l’Irak connait une période difficile, comment était l’ambiance ?

Sincèrement, je n’ai jamais vu un tel engouement sur une compétition ! On en parlait avec les autres arbitres habitués aux grandes compétitions, et ils n’avaient jamais vu ça non plus. Il y avait une ferveur incroyable. Par exemple, le match d’ouverture Irak - Oman s’est joué dans un stade de 65 000 places archicomble avec près de 80000 personnes réparties dans tous les recoins ! Pour la finale Le stade était plein à 8h alors que le match se jouait à 19h ! On voyait des grandes foules dès le lever du jour.

Notre hôtel était à 6km du stade et il fallait partir 5h avant le coup d’envoi pour espérer arriver à temps ! Après le match, on a dû prendre 3h pour faire 100 mètres malgré l’escorte !

 

Vous avez officié à la VAR lors de la finale, pouvez-vous nous en parler ?

C’était une finale incroyable entre l’Irak et Oman, avec des décisions importantes prises depuis le VAN de l’assistance vidéo. Le match se termine à 3-2. L’Irak menait 1-0 à la mi-temps. Oman manque un penalty à la 70ème. A la 96ème, un joueur d’Oman tombe dans la surface et on signale penalty avec l’aide de la VAR. il y avait tellement d’ambiance dans le stade qu’Istvan KOVACS n’arrivait à peine à entendre nos indications … finalement le penalty est accordé et Oman égalise.

Dans les prolongations, l’Irak reprend l’avantage sur penalty avant de se faire rattraper dès l’engagement. Il y a donc 2-2 et on se dirige vers les tirs aux buts. On est à la 120ème minute et il y a un dernier coup franc pour l’Irak à 40 mètres du but d’Oman. Le centre est repris de la tête, c’est le but de la victoire et du sacre mais on lance un signal VAR pour un potentiel hors-jeu du butteur… C’est très limite sur les images. Je fais mon travail d’assistant VAR pour déterminer précisément si le joueur est hors-jeu ou pas, je prends le temps nécessaire tout en sachant l’importance de cette décision.

On utilise un système de triangulation des caméras VAR en pointant l’épaule notamment. Le joueur n’était pas hors-jeu pour 77 millimètres ! C’était un suspens puis une délivrance sur le terrain et en tribunes avec un dénouement incroyable. Une magnifique finale pour finir la compétition.

 

Que retenez-vous de cette expérience ?

C’était une belle aventure humaine qui m’a permis de rencontrer un bon nombre d’arbitres de différentes nations. La compétition s’est déroulée du 6 au 19 janvier, et même avant car nous étions sur place dès le 31 décembre pour préparer la compétition. Nos entrainements avaient lieu le matin. Au stade, les joueurs s’entrainaient avec nous. Ils avaient des mises en place et des oppositions pour pouvoir travailler sur les situations sujettes à la VAR. Tout le monde était satisfait et il n’y a pas eu de polémiques malgré la pression et l’importance de cette compétition entre pays du Golfe. L’hôtel, la sécurité, les dotations, les stades : tout était bien organisé.

Sur le plan personnel, je suis content d’avoir participé à 5 matchs de poules, une demi-finale et la finale.

 

Comment se passe votre saison ?

Le championnat est passionnant cette année avec des enjeux ultra importants et un classement très serré. La saison est encore longue et il faudra être le plus constant possible. Il faut se remettre en question chaque week-end, analyser ce qui a pu être moins bien et travailler au mieux pour essayer d’être le plus performant.