Le Syndicat des Arbitres du Football d’Elite et Alexandre JOLY vous proposent de plonger dans l’histoire de l’arbitrage. Origines, évolutions, moments clés, anecdotes, images d’archive, découvrez l’arbitrage d’hier à aujourd’hui.

 

Les arbitres, des "amateurs" dans un monde qui devient professionnel 

Après avoir été des « amateurs marrons » durant les années 1920, les joueurs deviennent des professionnels à partir de la saison 1932-1933. Pendant ce temps, les arbitres, qui sont pour la majorité d’entre eux d’origine modeste et qui officient lors de ces rencontres professionnelles, restent des amateurs et ne sont remboursés que de leurs frais de transport. Les hommes en noir donnent beaucoup de leur temps et de leur argent pour une activité de laquelle ils ne retirent aucun bénéfice financier. L’arbitre belge John LANGENUS rappelle dans son livre (En sifflant par le monde : souvenirs et impressions de voyages d’un arbitre de football, 1943) que les internationaux ne perçoivent que des cadeaux ou des souvenirs lors des rencontres arbitrées durant les années 1930.

John LANGENUS. Source et crédits photo : Médiathèque FFF

 

Les arbitres resteront-ils amateurs?

La grande réforme de la FFF ne concerne ainsi que les joueurs. En 1932, le journaliste Emmanuel GAMBARDELLA se plaint « que rien ne bouge à la CCA et dans le milieu de l’arbitrage », tandis que la revue Football s’interroge : « Les arbitres resteront-ils amateurs ? ». Les enjeux économiques et médiatiques du football restent alors encore relativement faibles et le nombre important de buts marqués durant les rencontres de Première Division atténue à cette période l’incidence des décisions de l’arbitre sur le résultat. Ainsi, aucune réforme du statut des arbitres n’est initiée, mais plusieurs changements sont néanmoins opérés par la FFF, à travers la CCA. En 1930, elle organise la première Conférence Nationale d’Arbitrage qui réunit tous les arbitres fédéraux et les Présidents des Commissions d’arbitres des Ligues régionales, dans une dynamique d’uniformisation de l’application des Lois du jeu. L’année suivante, la CCA commence à dispenser des stages dans certaines ligues régionales. Elle décide également d’augmenter le barème de remboursement des frais de transport des arbitres et instaure symboliquement un sifflet unique pour tous les arbitres fédéraux. Elle créée en 1934 une nouvelle catégorie d’arbitres : celle des arbitres « interligues », qui constituent un cadre de réserve et une possibilité d’accès au titre d’arbitre « fédéral ». De plus, alors que cette tâche incombe jusqu’alors à la CCA, la FFF met en place, dès 1933, une Commission de Discipline qui permet à la commission des arbitres de se concentrer sur d’autres missions.

 

Des arbitres français émergent à l'international, Georges CAPDEVILLE arbitre de la finale de la Coupe du Monde 1938

                                                                                                         

                                                                           Roger CONRIE. Source et crédits photo : Médiathèque FFF

 

Plusieurs arbitres français commencent à sortir de l’ombre dès la fin des années 1930. Roger CONRIE, Lucien LECLERCQ et Georges CAPDEVILLE sont en effet sélectionnés pour diriger des rencontres lors de la Coupe du Monde 1938 organisée en France. Alors que la coutume est de faire diriger l’ultime partie par un homme en noir du pays organisateur (si son équipe n’accède pas à la finale), Georges CAPDEVILLE est désigné pour la finale de cette compétition. Mais ces cas particuliers ne parviennent pas à faire oublier les difficultés rencontrées par les arbitres français, désormais les seuls amateurs dans un monde du football professionnel.

 

Georges CAPDEVILLE. Source et crédits photo : Médiathèque FFF

                                                        

 

Alexandre JOLY est un historien du sport. Il a soutenu une thèse en 2021 portant sur l’histoire des arbitres dans le football professionnel français durant le XXe siècle.