Histoire : l’arbitrage d’hier à aujourd’hui
Vers un statut professionnel (2/2)En 2013, deux années après l’élection de Noël Le Graët à la tête de la FFF, une nouvelle réforme de l’arbitrage est lancée. Une Commission Fédérale d’Arbitrage est créée et dirigée par Éric Borghini. Celle-ci détient une compétence hiérarchique sur la Direction Technique de l’Arbitrage, qui est désormais conduite par Pascal Garibian. Lors de la réforme de 2013, la FFF se met également en conformité avec le Code du Travail en supprimant la limite d’âge fixée à 45 ans pour les arbitres fédéraux. L’aptitude des arbitres s’évalue désormais sur les tests médicaux, physiques et les observations de terrain.
En 2014, aucun arbitre français n’est sélectionné pour la Coupe du Monde organisée au Brésil, ce qui provoque un tollé médiatique. Le 17 mars 2014, un article de L’Équipe, évoquant les arbitres de Ligue 1, titre : « Ouf, ils n’iront pas au Brésil ». Face aux critiques subies, mais aussi pour s’adapter aux injonctions de la FIFA et se conformer aux autres pays européens, les instances fédérales, la LFP et le SAFE décident de mener une réflexion sur la mise en place d’un plan de professionnalisation de l’arbitrage. Le SAFE, qui comporte désormais un salarié depuis 2015, est impliqué dans plusieurs sujets lors de cette professionnalisation, tels que les enjeux sociaux, financiers, les enjeux de blessure, la couverture sociale. Ce plan, finalement mis en œuvre en avril 2016, permet de contractualiser certains arbitres de Ligue 1, qui intègrent une nouvelle catégorie dite « élite ». Cette catégorie comprend tout d’abord onze arbitres centraux et sept arbitres assistants pour la saison 2016-2017, avant d’être généralisée pour l’ensemble des centraux de Ligue 1 dès la saison 2018-2019. Les arbitres de l’élite bénéficient dans ce cadre d’une revalorisation salariale significative.
Les « Elites » sont alors rassemblés au Centre National du Football de Clairefontaine vingt-deux fois par saison pour optimiser leur préparation athlétique, technique et physique. Pour Clément Turpin, sélectionné pour la Coupe du Monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar :
« La professionnalisation m’aura permis définitivement de passer plus de temps sur mon activité d’arbitre et sans nul doute de pouvoir atteindre des compétitions sportives de très haut niveau. Ça m’a permis de passer plus de temps dans la préparation de mon métier d’arbitre. Le pari était de se dire que si on passait plus de temps à se préparer, on a de plus fortes chances d’être performant. Si on est plus performant, on a plus de chance d’aller chercher des compétitions et des matchs plus importants. Et c’est ce qui s’est passé. »
Les directeurs de jeu, désormais professionnels, n’ont alors plus à assumer une profession en parallèle de leur activité arbitrale et peuvent se concentrer sur leur carrière au sifflet.
Alexandre Joly est un historien du sport. Il a soutenu une thèse en 2021 portant sur l’histoire des arbitres dans le football professionnel français durant le XXe siècle.