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L'arbitrage d'hier à aujourd'hui

le jeudi 25 mai 2023
Le Seconde Guerre Mondiale : une parenthèse pour l’arbitrage français ?

Le Syndicat des Arbitres du Football d’Elite et Alexandre JOLY vous proposent de plonger dans l’histoire de l’arbitrage. Origines, évolutions, moments clés, anecdotes, images d’archive, découvrez l’arbitrage d’hier à aujourd’hui.

 

Les joueurs et les arbitres mobilisés pour la guerre

À la fin de l’été 1939, alors que les menaces géopolitiques se font de plus en plus vives, la FFF et le Groupement des Clubs Autorisés décident de reporter le lancement du championnat dans la mesure où les clubs sont amputés de plusieurs joueurs, appelés sous les drapeaux en raison des circonstances. Mais les joueurs ne sont pas les seuls à être mobilisés, c’est également le cas pour plusieurs arbitres, à l’image de Louis RAGUIN mobilisé à Auneau, de Lucien NEGRE partant début septembre avec les Chasseurs Alpins ou d’Ernest KISSENBERGER nommé sergent dans les sapeurs-pompiers de Strasbourg. Alors que la ville de Strasbourg est évacuée, cet homme en noir reconnu pour son autorité est nommé responsable de tout un bataillon. Le Président de la CCA, Louis BLANC, est lui aussi mobilisé comme Capitaine de la 191e Compagnie et en informe l’un de ses collègues de la CCA à travers la revue Football :

Article sur ce que devienne les arbitres de D1 en 1939, alors que la Guerre vient de démarrer

 

« Mon cher ami, adieu les beaux rêves que j’avais faits pour l’amélioration de l’arbitrage. Il s’agit hélas d’un autre sport pour les Français. Là aussi je vais essayer de faire de mon mieux. Rappelé huit jours avant la mobilisation générale, j’ai mis mon unité sur pied et j’ai quitté Lyon le 1er septembre pour rejoindre ma base de concentration […] Voulez-vous, par votre journal, dire aux arbitres français que je suis très peu d’eux par la pensée et que j’espère fermement que nous nous retrouverons bientôt ?» (Football n°503, 13 septembre 1939, Médiathèque FFF).

Alors que l’arbitrage français était fortement critiqué durant les années précédant le début de la Guerre, tous les acteurs du football sont désormais unis pour défendre la Nation.

L’arbitre international Georges CAPDEVILLE, lui aussi mobilisé alors qu’il arbitrait quinze mois plus tôt la finale de la Coupe du Monde, témoigne dans le même sens : « J’ai eu la joie de retrouver un ami cher, un vrai sportif, le commandant Collet, Président du club de supporters des girondins qui est à la tête de notre compagnie. Avec lui le travail ne pèse pas car c’est un chef, un vrai. Nous allons bien entendu jouer au football » (Football n°506, 11 octobre 1939, Médiathèque FFF).

Si l’entrée en guerre perturbe dans un premier temps l’organisation des compétitions sportives, l’absence de combat permet au football de retrouver partiellement ses droits. Il faut alors nécessairement des arbitres pour diriger les rencontres. Comme avant la Guerre, la CCA nomme les nouveaux hommes en noir de la Fédération : 17 arbitres « interligues », 13 « fédéraux » et 5 « internationaux » en juillet 1941. Le nombre de directeurs de jeu est ainsi bien plus restreint qu’avant le début des hostilités.

Une amélioration du statut des arbitres à la fin du conflit

Si pendant le conflit, le statut du joueur professionnel est remis en cause, celui des arbitres s’améliore paradoxalement. En 1943, le Comité Fédéral décide en effet de majorer de 25%, pour faux frais, le barème de frais de déplacement des arbitres fédéraux, à la fois pour les matchs de championnat et de la Coupe de France. En 1945, quelques mois après la capitulation de l’Allemagne, le Groupement des Clubs Autorisés décide de conserver ce pourcentage de faux frais à 25% et attribue en plus une indemnité de match de 500 francs pour toute rencontre arbitrée en Première ou en Deuxième Division. Finalement, la fin de cette période noire pour la France et le football français voit ainsi une amélioration des conditions d’exercice du directeur de jeu, à travers la création de l’indemnité d’arbitrage, qui vient rémunérer l’arbitre pour l’exercice de ses missions.

Charles DELASALLE lors de la finale de la Coupe de France 1943 / Médiathèque FFF

Alexandre Joly est un historien du sport. Il a soutenu une thèse en 2021 portant sur l’histoire des arbitres dans le football professionnel français durant le XXe siècle.