À la fin de l’année 2011, Noël Le Graët, nouvellement élu à la présidence de la FFF, modifie les instances du football et de l’arbitrage. Le Conseil Supérieur d’Arbitrage et la Direction Nationale de l’Arbitrage sont supprimés et remplacés par la Commission Fédérale des Arbitres (CFA), qui fixe les orientations de la gestion et de l’organisation de l’arbitrage aux plans national et régional, et la Commission des Arbitres, qui applique cette politique, procède aux classements, aux désignations et à l’évaluation des arbitres et garantit la mise en œuvre uniforme des lois du jeu. En 2013, une nouvelle réforme de l’arbitrage est lancée : la CFA (qui devient la Commission Fédérale d’Arbiutrage), dirigée par Éric Borghini, détient une compétence hiérarchique sur la Direction Technique de l’Arbitrage, qui est désormais conduite par Pascal Garibian.

Lors de la réforme de 2013, la FFF se met également en conformité avec le Code du Travail en supprimant la limite d’âge fixée à 45 ans pour les arbitres fédéraux. L’aptitude des arbitres s’évalue désormais sur les tests médicaux, physiques et techniques et les observations du terrain. Les compétences athlétiques deviennent centrales aux yeux des membres de la nouvelle DTA. Les arbitres d’élite, associés à « des athlètes de haut-niveau », détiennent des capacités physiques « hors normes ». Plus à même de répondre aux nouveaux tests physiques très exigeants, les jeunes arbitres sont le sujet d’une attention particulière par la DTA, qui souhaite leur accession accélérée vers l’élite.

La majorité des arbitres de l’élite sont généralement d’anciens Jeunes Arbitres de la Fédération (JAF). Ainsi, lors de la saison 2021-2022, parmi les vingt-deux arbitres de Ligue 1, quatorze sont des anciens JAF (64%) et parmi les seize arbitres de Ligue 2, douze sont des anciens JAF (75%). L’institutionnalisation d’une « passerelle » nommée « Candidats Espoirs » en 2016 s’inscrit dans cette volonté de rajeunissement de l’élite, en donnant la possibilité aux meilleurs JAF d’être nommés directement « Fédéral 4 » après un processus de sélection.

En 2014, une nouvelle technologie, nommée Goal Line Technology, est utilisée par les arbitres français, pour vérifier si le ballon a bien franchi entièrement la ligne de but. Cette même année, aucun arbitre français n’est sélectionné pour la Coupe du Monde organisée au Brésil, ce qui provoque un tollé médiatique. Face aux critiques subies, mais aussi pour s’adapter aux injonctions de la FIFA et se conformer aux autres pays européens, les instances fédérales, la LFP et le SAFE décident de mener une réflexion sur la mise en place d’un plan de professionnalisation de l’arbitrage. Le SAFE, qui comporte désormais un salarié depuis 2015, est impliqué dans plusieurs sujets lors de cette professionnalisation, tels que les enjeux sociaux, financiers, les enjeux de blessure, la couverture sociale. Ce plan, finalement mis en œuvre en avril 2016, permet de contractualiser certains arbitres de Ligue 1, qui intègrent une nouvelle catégorie dite « Elite ». Cette catégorie comprend tout d’abord 11 arbitres centraux et 7 arbitres assistants pour la saison 2017-2018, avant d’être généralisée pour l’ensemble des arbitres de Ligue 1 dès la saison 2018-2019. Les arbitres de Ligue 1 bénéficient dans ce cadre d’une revalorisation salariale significative.

Ces hommes en noir salariés sont alors rassemblés au Centre National de Football de Clairefontaine vingt-deux fois par saison pour optimiser leur préparation athlétique, technique et managériale. Par ailleurs, l’arrivée de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) à partir de 2018 nécessite des formations spécifiques sur le sujet, pour que les arbitres de L1 utilisent uniformément ce nouvel outil technologique. Si les arbitres d’élite deviennent désormais des professionnels, les instances de l’arbitrage évoluent dans le même sens en se professionnalisant encore davantage : la DTA, qui comptait 8 salariés en 2009, en possède 19 en 2022.  Pour Clément Turpin, l’arbitre international sélectionné pour la Coupe du Monde 2018 en Russie et 2022 au Qatar : « La professionnalisation m’aura permis définitivement de passer plus de temps sur mon activité d’arbitre et sans nul doute de pouvoir atteindre des compétitions sportives de très haut niveau. Ça m’a permis de passer plus de temps dans la préparation de mon métier d’arbitre. Le pari était de se dire que si on passait plus de temps à se préparer, on a de plus forte chance d’être performant. Si on est plus performant, on a plus de chance d’aller chercher des compétitions et des matchs plus importants. Et c’est ce qui s’est passé » (Entretien avec Clément Turpin, 2 février 2023).

Finalement, les directeurs de jeu n’ont alors plus à assumer une profession en parallèle de leur activité arbitrale et peuvent se concentrer uniquement sur leur carrière sportive.

Clément TURPIN                                                 Poste VAR