EURO 2016 - JO
Clément Turpin et Stéphanie Frappart, porte-drapeaux de l’arbitrage françaisA l’heure où la France du football entrait en trêve estivale, Stéphanie FRAPPART et Clément TURPIN ont enchaîné EURO 2016 et Jeux Olympiques. Aux côtés de leurs collègues - Manuela NICOLOSI, Frédéric CANO et Nicolas DANOS, assistants, et Fredy FAUTREL et Benoît BASTIEN, arbitres additionnels (sans oublier Cyril GRINGORE, suppléant), ils ont officié lors des deux compétitions internationales majeures de cette année. Des stades français aux pelouses brésiliennes, Stéphanie FRAPPART et Clément TURPIN ont démontré que l’arbitrage français était une valeur sûre.
Quel bilan faites-vous de cet été international, après vos participations à l’EURO et aux Jeux Olympiques ?
Clément TURPIN : Etre arbitre de haut niveau, c’est aussi pour participer à ces compétitions. On en revient avec des images plein la tête, des moments uniques. Pour moi, ce sont deux aventures en une : sportive avec sept matches au programme sur les deux tournois (4 centres, et 3 comme remplaçant), et humaine, en partageant ces instants avec Stéphanie FRAPPART, Manuela NICOLOSI, Frédéric CANO, Nicolas DANOS, Fredy FAUTREL et Benoît BASTIEN. Je n’oublie pas le rôle et l’engagement de Cyril GRINGORE, qui a joué le jeu jusqu’au début de l’EURO comme suppléant.
Stéphanie FRAPPART : Avec Manuela NICOLOSI, nous sommes fières d’avoir participé à cet événement planétaire, multisports. Une Coupe du Monde, c’est quelque chose d’énorme, mais des Jeux Olympiques… ! Avec trois matches (2 centres, et 1 comme remplaçante), le bilan est positif. Nous pouvons être satisfaites, nous avons fait deux belles prestations et emmagasiné de l’expérience pour l’avenir. Sur l’événement, nous avons pu aussi assister à d’autres disciplines, mais ce que je retiens, c’est la ferveur des Brésiliens pour le football.
Comment enchaîne-t-on sur ces tournois internationaux après la fin des compétitions en France ?
CT : C’est vrai que les compétitions se sont succédées, mais tout a été fait pour que nous arrivions frais mentalement et physiquement. Tant à la FIFA, qu’à l’UEFA et à la DTA, nous avons été mis dans les meilleures conditions, la préparation était organisée et adaptée avec régénération, préparation athlétique et technique. Dès décembre, tout a été mis en œuvre pour nous permettre d’être au top dès le début de l’EURO. Nous avons participé aux stages à Chypre (février) et à Enghien-les-Bains (avril). Dès le lendemain de la finale de la Coupe de France, nous nous sommes retrouvés avec l’équipe et le staff de la DTA à Clairefontaine pour la dernière phase de préparation pour l’EURO.
SF : Nous nous préparons depuis près d’un an, bien avant la désignation des arbitres participantes. La préparation à la Coupe du Monde (2015) était déjà un prélude aux JO. En février, nous avons officié lors du tournoi qualificatif en Asie. La sélection - 4 arbitres féminines européennes sur 18 présélectionnées - a été annoncée en mai. Je me suis autorisé une coupure de 10 jours avant d’entamer la préparation d’avant-saison classique, notamment un stage à Quiberon, et de partir au Brésil.
D’un point de vue plus personnel, ce sont beaucoup de sacrifices à une période où l’on parle plutôt de trêve et de vacances ?
CT : L’arbitrage reste avant tout une passion, mais une passion qui demande et impose une vraie rigueur, organisation et préparation de professionnel, c’est aussi ça l’exigence et l’intensité du haut niveau. Pour préparer de manière optimale ces compétitions, nous devons nous imposer ce rythme. Cela a été un vrai bonheur, individuellement et collectivement. Quand on prépare des événements de cette ampleur, ce rythme est nécessaire.
SF : Depuis quelques saisons, nous prenons en compte les compétitions internationales dans notre organisation : EURO, Coupe du Monde l’an dernier, etc. C’est passionnant de prendre part à de tels tournois. Je serais d’ailleurs en stage à la FIFA dans 15 jours pour préparer les échéances à venir : la Coupe du Monde des -20 ans en 2018 et la coupe du Monde seniors en 2019, toutes les deux organisées en France, sans oublier l'Euro en juillet 2017 aux Pays-Bas.
Vous avez passé plusieurs jours avec vos collègues, cela renforce les liens.
CT : Ces aventures ont été des réussites car nous étions tous pleinement investis dans le projet. Les liens sont très forts entre nous, avec des objectifs personnels mais surtout collectifs. Il faut savoir que la défaillance de l’un d’entre nous aurait pu avoir des impacts sur toute l’équipe. Nous étions soudés et chacun a apporté au collectif : Nicolas DANOS, nous nous connaissons parfaitement car nous officions ensemble depuis 7 ans ; Frédéric CANO avait l’expérience de ces grandes compétitions et le recul ; Fredy FAUTREL nous a apporté sa sagesse ; Benoît BASTIEN tout son professionnalisme et son exigence. L’équilibre était parfait. Nous nous sommes préparés pour être performants. Nous avons zéro regret, juste envie d’y retourner !
SF : L’an dernier pour la Coupe du Monde, avec Manuela NICOLOSI, nous avions passé près de 40 jours ensemble. Cette année, presque 3 semaines. Evidemment, cela renforce les liens et développe nos affinités et nos automatismes. C’est important pour la gestion des rencontres. Pendant le tournoi olympique, nous avons également beaucoup échangé et partagé avec les collègues masculins. Nous étions dans le même camp de base à Rio, et nous suivions la même préparation technique et physique.
Quels sont vos objectifs pour cette saison 2016-2017 ? Quand reprenez-vous les compétitions nationales ?
CT : S’il n’y a pas de compétition l’an prochain, nous avons une année importante d’éliminatoires pour la Coupe du Monde 2018, avec dès ce week-end un match à Kiev entre l’Ukraine et l’Islande. Il y aura aussi les compétitions européennes, comme la Champions League. Mon premier match en championnat de France est prévu le 10 septembre avec Guingamp - Montpellier. Quelle que soit la compétition, il faudra être prêt et assurer nos prestations. Répondre aux exigences sportives de toutes ces compétitions sera notre challenge : c’est ça pour moi l’exigence du haut niveau.
SF : Les objectifs sont sur plusieurs saisons. A l’international, nous avons en point de mire l’EURO, puis la Coupe du Monde en France. Sans oublier les compétitions internationales de clubs. Je vais aussi entamer ma troisième saison en Ligue 2, avec l’ambition d’aller toujours plus haut. Au retour du Brésil, j’ai enchaîné deux rencontres du championnat National. Ma première désignation en Ligue 2 : la rencontre Reims - Ajaccio, le 9 septembre.