Le 27 mai, quelques jours avant son départ pour Moscou, Clément TURPIN s’est livré sur son parcours, son équipe avec Nicolas DANOS et Cyril GRINGORE et sa vie d’arbitre de haut niveau. Le trio représentera l’arbitrage national lors de la Coupe du Monde en Russie, et adresse un message aux 25 000 arbitres français !

Quand avez-vous débuté l’arbitrage ? Quel a été votre parcours jusqu’au plus haut niveau ?

Clément TURPIN : J’ai débuté à l’âge de 16 ans dans mon club de Montceau-Les-Mines. A l’époque j’étais un jeune éducateur en charge des débutants. Lors des plateaux de mes petits, il n’y avait bien sûr pas d’arbitre officiel pour ce niveau-là. C’était souvent un papa, une maman ou l’éducateur qui faisait office de… En l’occurrence, moi. Puis un jour, un dirigeant de mon club m’a dit : « Clément, ça a l’air de te plaire d’arbitrer, tu ne voudrais pas officialiser cette expérience ? ». J’ai répondu : « Pourquoi pas ! ». A ce moment-là, j’ai sans doute pris la plus belle décision de ma vie sportive. Ensuite tout s’est accéléré, puisque j’ai eu la chance de gravir rapidement les échelons. Arbitre de Ligue et JAF en 2000, Fédéral 4 en 2005, premier match en Ligue 1 en 2008 et nommé FIFA en janvier 2010.

 

"Arbitrer : la plus belle décision de ma vie sportive"

 

Que représente pour vous cette participation à la Coupe du Monde 2018 ?

Clément TURPIN : C’était l’objectif que l’on s’était fixé avec Nicolas et Cyril à l’issue de l’Euro et des JO en 2016. Nous avons beaucoup travaillé avec l’aide du staff. Rien n’a été facile, les difficultés ont été très nombreuses. Ce n’était pas gagné. Mais à force d’y croire et d’investissement personnel et collectif, on a réussi là où peu de personnes nous attendait.

Cela a rendu cette qualification encore plus belle. Avec le recul, je pense que ces difficultés nous ont rendus plus forts. C’est une vraie fierté que de pouvoir représenter notre arbitrage national et nos 25 000 arbitres français sur la plus belle des compétitions.

 

Le grand public a souvent tendance à se focaliser sur l’arbitre central, que pouvez-vous nous dire sur l’importance de (votre travail) d’équipe avec les arbitres assistants, Nicolas DANOS et Cyril GRINGORE avec qui vous formez le trio qui ira en Russie ?

Clément TURPIN : Ce n’est pas un seul arbitre français qui ira à la Coupe du Monde mais bien trois !  Une vraie équipe. C’est pour moi une grande chance et un privilège d’avoir à mes côtés deux arbitres d’une très grande valeur. Technique évidemment, mais surtout humaine. Ce sont des mecs sains et fidèles. Je mesure la chance qui est la mienne de les avoir à mes côtés.

Depuis deux saisons nous avons vécu de nombreuses aventures sportives et humaines. Des moments d’une rare intensité, avec de grandes joies mais aussi des moments de doute, car c’est aussi ça la vie d’arbitre. C’est au travers de ces moments-là qu’un trio se crée, se forge et prend de l’épaisseur. Aujourd’hui, quand nous rentrons sur le terrain, nous savons tous les trois ce que nous devons faire et sur quoi est focalisé l’autre. Ensuite, un mot, un geste, un regard suffit pour déclencher une attitude ou une décision. Notre vécu commun nous a permis de construire cela.

 

 

"N. Danos et C. Gringore : deux arbitres de très grande valeur, technique et humaine"

 

Vous avez une saison riche, entre les désignations internationales et nationales, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Clément TURPIN : Notre match de Barrage intercontinental aura été un moment fondateur de notre aventure commune. L’ambiance et l’enjeu y étaient extraordinaires. Le dernier ticket de qualification au Mondial pour les deux équipes était en jeu, deux peuples retenaient leur souffle, une ambiance électrique et nous au milieu de tout ça. Je crois que nous nous en souviendrons toute notre vie. Puis les autres rendez-vous se sont enchainés avec à chaque fois une montagne toujours un peu plus haute à gravir.

 

Avec l’enchainement des matchs, quel(s) secret(s) pouvez-vous donner aux jeunes arbitres pour rester en forme et enchaîner les bonnes prestations ?

Clément TURPIN : L’important, c’est de faire du sport ! Quelle que soit l’activité d’ailleurs. Continuer à jouer au football, c’est je crois le meilleur moyen à la fois pour se faire plaisir si on aime toucher le ballon et sentir le jeu. Ou alors pratiquer une autre activité, peu importe. La clé à mes yeux est de faire quelque chose tous les jours ou presque. Mettre ses baskets ou ses crampons, quelles que soient les conditions climatiques, la fatigue ou l’heure de la journée. Il faut habituer son corps à faire des efforts presque quotidiennement.

J’essaie d’alterner et de pratiquer régulièrement des sports individuels (tennis, badminton, natation) et des sports collectifs (football, volley, basket). Grâce à cette mixité et cette fréquence, j’y trouve mon équilibre.

 

Vous allez disputer la plus grande compétition mondiale, que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ? Quels sont vos objectifs pour la saison ou les saisons à venir ?

Clément TURPIN : Une personne sans qui je ne serai pas là aujourd’hui m’a souvent dit : « Hier est histoire, demain est mystère et aujourd’hui est un cadeau ». Et croyez-moi, les expériences vécues n’ont fait que confirmer cela. « Carpe Diem ! ».